mardi 21 avril 2020

On oublie jamais vraiment.

« On ne peut ni prévoir ni prédire ce qui fera le bonheur; on tombe dessus par hasar un jour de chance,
quelque part
 au bout du monde, et on s'accroche à ces jours-là comme à la fortune ou à la gloire. »
Willa Cather, Le Lavandou, 1902.

Je le crains, ses cicatrices ne nous quittent jamais vraiment. Comme un poids, qui s'amoindrit avec le temps, mais qui s'affaisse au plus profond de notre poitrine. Il y'a, en nous, toujours cette douleur qui se mélange au reste toute notre vie, tout notre bonheur, et qui reste au creux de notre vivant, une petite pierre pesante et durcie par le temps. Je crains, que nous soyons vouées à garder des cicatrices indélébiles, que nous le souhaitions ou non. Même après la pluie, la neige, le vent elle se perméabilise, tout en s’effritant à mesure que le temps passe et l'isole. 
Je le crains, cette peine, cette souffrance ne s'efface jamais réellement, et parfois j'ai de la peine de l'apprendre, je peine à le supporter, à le vivre sans me sentir enfermer dans une petite boîte isolante. J'ai peur parfois, de revivre, ses sentiments trop intenses, ses émotions destructrices, ses pensées qui m'ont rongée, me rongent encore parfois, je n'aime pas vivre avec, j'aimerais vivre sans, mais est-ce possible, je crains que non. 
Alors, je regarde parfois, un vague coup d’œil sur le passé, en continuant de marcher, mais je sens parfois les fils qui me tiraillent, les questions qui continuent à me tarauder, par moments, par situation, par période. C'est surmontable et insurmontable à la fois. Dans le doute, je continue toujours à avancer, de peur que le passé ne me rattrape, de peur de revivre trop vite ses horreurs, de peur que je ne sois à nouveau confrontée à ses situations, même si je les sais inévitables, je crains ne jamais pouvoir devenir fataliste, je crains ne jamais pouvoir supporter le cours de la vie avec quelconque facilité, les sentiments, les émotions, me rattrapant toujours, me tirant toujours vers la réalité destructrice et la douleur. 
Les jours s’entremêlent dans le bon et le mauvais, mélangeant aigre-doux les émotions et les sentiments, tournoyant dans une marée de violence et d'amertume, tricotant douceur et tendresse. Avançant pas à pas dans le monde, sombre et lumineux, attrapant, puis lâchant des mains, trébuchant et se relevant à mesure que le temps passe, on avance à petits pas dans ce tunnel angoissant qu'est la vie.

©feyaliah - 21.04.2020 - 7h58

3 commentaires:

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  2. J'ai parcouru certains de tes écrits, c'en est romanesque, poétiquement tragique.
    J'aimerai, si tu le permets, par mail, te partager les sinistres pensées d'un esprit troublé. Avec un peu de chance, on pourra sûrement apprendre à se complaire dans notre souffrance.
    Mon adresse mail : nosdos76@gmail.com

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    1. Je suis super contente de l'intérêt que tu as portée à mes textes ! Vraiment ! J'ai très peu de commentaire et ça me ravie énormément (même si je répond plusieurs long mois après) ! J'aime bien l'idée, mais je n'ose pas trop j'avoue ! Je n'ai jamais fais de correspondance comme cela ! (Mon esprit ayant, quand même bien changée depuis ses années là) ! Si tu vois un jour ce message, répond moi et nous pourrons envisager quelque chose :D

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