jeudi 19 novembre 2015

« Je ne reconnais plus, ni les murs ni les rues... » Charles Aznavour

« Même lorsque l'on croit que l'on n'attend plus rien...
Nous attendons toujours... Quelque chose, ou quelqu'un. » - Charles Aznavour


Vous savez depuis que j'suis gosse, j'ai, vécue des tas de choses... Du pire, au plus merveilleux. Je vivais dans l'amour et dans la violence, un mélange pas mal incompatible et qui pourtant... Existait. 

Un père violent, alcoolique, avec une grande gueule désabusée et un air pantouflard, qui pourtant était mon géniteur, et que j'aimais malgré la souffrance, la colère, la haine, qu'il émettait, en gueulant, en menaçant en lançant des objets de toutes sortes, toute espèce, pour soulager sa conscience elle aussi dénaturée par le deuil, la mort, les suicides, les parents alcooliques, accro à la clope, envoler. Au fond, je comprenais mon père.

Je n'ai vu mon père sourire que quelques fois... Voir jamais. Je ne m'en souviens plus, il souriait, mais jamais sincèrement, il y avait toujours un air triste derrière cette face détachée, avec toujours, cette larme sur le coin de l'oeil... Cette souffrance, ce lisait toujours, même quand il était en colère.

J'aimais et je détestais mon père.

J'aimais ma mère et ma soeur, intensément, elles étaient et sont toujours pour moi mes meilleures amies, mes confidentes, et mes anges gardiens. Mais vous savez tout ça, c'est vite devenu normal pour moi, cette manière de vivre, la peur, la souffrance, l'amour, la haine, la tendresse... Jusqu'au divorce de mes parents, je ne pouvais que comprendre, mais je l'ai mal vécue.

Qui veut voir sa famille ce disloquée ? Personne.. J'ai commencé à péter des crises d'angoisse, j'étais rejetée à l'école primaire, et arrive en 6ème je ne vivais que pour la maladie, le PC, et c'est tout, j'étais devenue une pierre tombale, je n'étais au fond, qu'un être dépourvu de sentiments.
J'ai pu commencer à m'ouvrir un peu plus après, j'ai commencé à écrire, commencer à voir le monde et à l'entendre me dire de sortir de ma coquille, j'ai commencé à m'ouvrir aux autres, doucement, lentement, grâce à des amies rencontrer sur le net...

J'ai passé 3 années de ma vie à vivre, dans la joie, et parfois dans la maladie, mais toujours avec un sourire fort, un humour compétitif. Je voyais parfois mon père déconfit, à moitié malade et maigre comme un clou, toujours assoiffé d'alcool... Triste, seul, sans famille. C'était une vision terrifiante, insupportable pour moi... Quand on quittait son appart, il pleurait, toujours... Tout le temps avec cette mine en bouillit, cette tristesse écœurée... Comme si la vie le quittait toujours un peu plus.

...

Puis vain ce jour, où je me suis réveillée en sursaut après de multiples secousses, je venais d'apprendre son décès, sa mort, que son corps inerte était échoué, cloué sur le sol de son appartement, sa dernière maison... Je venais de perdre mon père. Et véridique je parlais de lui incessamment pendant les 2 jours d'avant, je disais que je le sauverai de cette bêtise, que je prendrai soin de lui... Eh non, trop tard.

J'avais les larmes, la haine... Après ça, je n'étais plus la même et je ne redeviendrai jamais plus cette gamine souriante et innocente. Je ne pourrai plus vivre avec d'intenses désirs, je ne suis aujourd'hui même plus capable d'aimer, de jouir de la vie, c'est difficile... Mais j'essaye malgré tout, j'essaye, peu à peu de revivre, de sourire à la vie, j'essaye, de me battre contre cette souffrance qui me ronge de l'intérieur. 

J'ai 16 ans, je n'étais pas préparé à perdre un membre de ma famille, malgré ses défauts, j'aimais et j'aime toujours mon père. Je me suis promis, que je sortirais de ma démence, et je le ferais, coûte que coûte pour ceux que j'aime ! C'est ainsi, que je penserais, à présent.


©Feyaliah - Novembre 2015

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